La transformation agroalimentaire au Burundi : La femme se fait un nom dans ce secteur

Les efforts fournis par le gouvernement burundais dans la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes poussent certains d’entre eux à songer aux innovations. Dans ce sillage, la transformation agroalimentaire est désormais parmi les priorités pour valoriser la production agricole et permettre aux producteurs d’en tirer profit. Bien de jeunes   femmes émergent dans  ce domaine avec des projets innovants répondant aux besoins des communautés.

Rania Dusabe, une jeune entrepreneure burundaise

Rania Dusabe, une jeune entrepreneuse burundaise, native du Quartier Yoba, commune Gitega de la province Gitega. Elle ouvre la voie à la conservation durable des aliments avec son entreprise, Royal Food Solution. Elle est la première jeune femme au Burundi à produire et à conserver des légumes pendant une longue durée sans en pâtir à leur fraîcheur.

Quant à Alice Nduwimana résidente de la commune Nyabihanga en province Mwaro, elle intervient dans la fabrication du lait liquide, du lait en poudre, de l’huile et du tofu via la transformation du soja.

Des idées pour combler le gap

Passionnée par l’agriculture et consciente des défis agricoles locaux, elle a fondé Royal Food Solution en 2022. « J’aime l’agriculture depuis mon enfance, en particulier la culture de légumes et de fruits. C’est là que j’ai constaté que les légumes se gâtent souvent en grande quantité pendant la saison des récoltes s’ils ne trouvent pas preneurs. Et parfois, ils se font rares, ce qui entraîne par conséquent  une hausse des prix. », Explique Dusabe s’exprimant sur l’origine de son idée.

Avec une équipe de cinq jeunes, Rania a cherché des solutions pour remédier à ces problèmes en introduisant des techniques de conservation innovantes pour prolonger la durée de conservation des produits sans perte de valeur nutritionnelle.

Nduwimana n’est pas loin de là. Pour elle, la première motivation de se lancer est de trouver une chose extraite du soja pour l’alimentation au lieu d’écouler tout le rendement sur le marché. « Chez nous, la récolte du soja est bonne mais elle est gaspillée sur le marché sans le consommer alors que c’est une céréale très riche en éléments nutritifs plus que la viande.», constate-t-elle avec amerture.  Ma première ambition était de réduire le gaspillage et garantir la sécurité alimentaire, affirme-t-elle.

Un parcours de la combattante

Rania a commencé son parcours entrepreneurial après avoir terminé ses études d’économie à l’Université du Burundi.

Créer Royal Food Solution n’a pas été une mince affaire. « Notre projet nécessitait des ressources importantes pour la production et le stockage de légumes à l’aide d’une technologie moderne et spécialisée. »se souvientRania.  Malgré des ressources limitées, sa détermination l’a conduite à explorer des partenariats et des possibilités de financement susceptibles de concrétiser sa vision.

Le travail acharné a porté ses fruits, puisque Royal Food Solution a depuis gagné la reconnaissance et le soutien de plusieurs organisations. Rania raconte : « Nous avons remporté un prix lors du concours « Semaine de l’innovation » organisé par le PNUD Burundi en 2022. Nous avons également remporté le prix « Projet d’impact dans le domaine des affaires et de l’entrepreneuriat, cohorte 57 », organisé par le YALI Regional Leadership Center East Africa. Nous avons récemment remporté un concours de projets entrepreneuriaux organisé par le PAEEJ Burundi

Produits transformés

Ces prix témoignent de l’impact de son projet et de son engagement envers la qualité. Aujourd’hui, Royal Food Solution produit des légumes biologiques de haute qualité et collabore avec trois coopératives pour des produits maraîchers. « Nous sommes reconnaissantes de pouvoir désormais produire des produits de haute qualité, notamment biologiques », confie Rania avec fierté.

Des défis à relever

Même si le projet de Nduwimana a attiré l’attention du jury de l’innovation Week, 2ème édition, le projet était dans une phase de départ. « Je n’avais pas de matériels nécessaires pour mieux travailler. Je faisais la transformation manuellement, ce qui demande beaucoup d’hygiène et comme ça, je me trouvais dans l’incapacité de satisfaire la demande des clients car l’entourage apprécie le lait liquide pour leurs enfants. », Indique-t-elle.

Selon cette jeune femme entrepreneure, pour travailler efficacement, elle avait besoin des machines pour le décorticage du soja, du moulin à farine et de la machine pour l’infiltration. Nonobstant, ces matériels sont très chers et elle ne peut pas s’approvisionner l’achat de ces derniers sans concourir aux sponsors. Elle indique qu’elle a déjà soumis la demande au sein du PAEEJ et qu’elle attend la réponse. 

Elle déplore qu’elle manque un capital et le matériel pour la mise en œuvre de son projet porteur d’espoir vu que sa production ne se limiterait pas à satisfaire la communauté mais plutôt le lait en poudre pourrait être vendu dans les écoles, dans les hôpitaux et même à l’étranger et procurer des devises au pays. 

Que ce soit Rania ou Alice, elles encouragent les jeunes, et plus particulièrement les jeunes femmes, à développer des projets d’entreprise porteurs d’impact bénéfiques pour leurs communautés et favorisant le développement du Burundi. « Retroussez vos manches, mettez-vous au travail et réfléchissez à des projets d’entreprise porteurs d’impact qui peuvent vous aider, vous et vos familles, et contribuer à la réalisation de la vision Burundi, pays  émergent en2040, pays développé en2060 », conseillent-elles aux aspirants entrepreneurs.

Laisser un commentaire